21 juin au 5 novembre 2014.
En 2011, il découvre le projet de «village radieux» imaginé, dans les années 30, par l’architecte Le Corbusier pour le village de Piacé (Sarthe). Les projets de «Ferme et de Village radieux» de Le Corbusier sont du même ordre que celui de la «Cité radieuse» réalisée à Marseille et à Rezé. Ce programme urbain basé sur le concept «d’unité» (unité d’habitation, unité de loisirs, unité industrielle, unité d’exploitation agricole ou unité rurale) relève d’une vision globale de l’aménagement du territoire et de la planification. À Piacé, l’architecte avait choisi de rompre l’isolement des agriculteurs par la création d’un espace dédié à la rencontre et à la discussion. Ce bâtiment, placé au coeur du village et dénommé le Club, devait devenir le cerveau du village.
En 2012, en traversant la Mayenne, David Michael Clarke assiste à une manifestation agricole. Les paysans expriment leur colère en érigeant six potences sur lesquelles sont accrochées des têtes de vaches découpées dans du carton noir. Comme des cerfs-volants, les têtes volent dans le vent. David Michael Clarke prononce alors à haute voix, «Wow! Flying Black Cows!» (wouah! un vol de vaches noires!). Dans le cadre d’une résidence d’artiste au sein d’une exploitation agricole dans le village de Fiac dans le Tarn, l’artiste réalise en 2012 ses premières Flying Black Cows. Découpés dans du carton, des archétypes de vaches noires quittent le sol, emportés par des ballons de baudruches colorés et gonflés à l’hélium.
En 2013, David Michael Clarke bénéficie d’une résidence d’artiste au sein du Lycée Félix Le Dantec de Lannion en partenariat avec Itinéraires bis. Le contexte de bord de mer est pour lui l’occasion d’envisager une nouvelle version des Flying Black Cows. Il emprunte alors aux manifestants Mayennais la forme de la tête de vache noire pour en faire des cerfs-volants. Les vaches vont ainsi s’envoler et passer furtivement devant les flèches des églises de style Beaumanoir, dressées dans le ciel trégorrois et sculptées par le vent. Leurs apparitions sont filmées par l’artiste. En octobre de la même année, il participe au festival Vent de Grève, organisé par l’Office de Tourisme Lannion-Trégor-Communauté, pour lequel il conçoit le Flying Black Cow Cinema. Sur la longue plage de Saint-Efflam, il monte une tente marabout de couleur kaki, surmontée d’une enseigne qui accueille en son sein la diffusion de la vidéo qu’il a réalisée durant l’été dans le Trégor.
En 2014, invité à la galerie du Dourven, il décide de transformer le centre d’art en un Flying Black Cow Utopia Club. Il remarque, lors de ses nombreuses visites au Dourven en 2013, la fréquentation régulière du parc par des individus qui lui semblent, par leurs activités, former sans en avoir conscience des communautés. En dehors des visiteurs des week-ends et des vacances, quatre groupes se distinguent, celui des mariés et de leurs photographes, celui des pêcheurs qui traversent le parc en fonction des horaires des marées leurs cannes à la main, celui des chiens et de leurs propriétaires et celui des lapins qui le soir venu retrouvent enfin leur tranquillité. Flying Black Cow Utopia Club rend visibles ces différents usagers et met en avant ces communautés fictives dans une mise en scène où se mêlent objets de design, références populaires et gestes artistiques.
S’appuyant sur ces observations David Michael Clarke amplifie ce qui caractérise sa démarche plastique selon quatre modalités.
La première est la création d’oeuvres en relation avec le lieu, telles que Wooden tree, Rabbits & Dogs, Fish Hotel, Flying Black Cow – l’origine, les photographies de mariage de Marie-Claire Blanschong.
La seconde consiste à réactiver des oeuvres de son répertoire ou celles d’autres artistes, telles que Don’t Panic, DMC mariages 1969-1999, Sunset Monfarville France, Flying Black Cow Club de David Michael Clarke et Traffic lights d’Alastair MacLennan.
La troisième est de demander le prêt d’oeuvres à d’autres artistes ou à des institutions en leurs expliquant la nature de l’exposition, telle que Anabelle Hulaut et David Michael Clarke de Guillaume Janot.
Enfin la quatrième, David Michael Clarke se permet d’intervenir sur des oeuvres empruntées en ayant soin au préalable d’obtenir l’autorisation des artistes concernés telles que Niche (La ricarda) de Michel François, Carré Central d’Hervé Beurel, chaise et fauteuils d’Enzo Mari.
Cette pratique, que l’on pourrait nommer collaborative, n’est pas sans interroger la question de l’auteur, le statut de l’artiste ainsi que la nature d’un tel projet.
Le premier volet de cette exposition qui commence le 5 avril et se terminera le 1er juin installe la notion de club. Si celle-ci se définit par «Cercle où des habitués viennent passer leurs heures de loisirs pour bavarder, jouer, lire», le second volet de par sa durée la rend effective. Il débutera le 21 juin, jour de la fête de la musique. A cette occasion David Michael Clarke chantera ses dernières créations musicales accompagné de nouveaux compères. Le centre d’art poursuivra l’expérience de ce club utopique jusqu’au 2 novembre. Hervé Beurel, Norbert Bézard, François Curlet, Christelle Familiari, Francesco Finizio, Robert Fleck, Michel François, Nicolas Hérisson, Joel Hubaut, Anabelle Hulaut, Guillaume Janot, David Liaudet, Enzo Mari, Federica Peyrolo, Christophe Terlinden, participeront au Flying Black Cow Utopia Club (volet 2).
Didier Lamandé
Liste des Oeuvres
1 – Michel François, Niche (La ricarda), 2007, affiche 180×120 cm adaptée par David Michael Clarke par l’ajout de deux rampes et d’un percement prévus pour la circulation des chiens, 2014
2 – Hervé Beurel, Carré central, tirage numérique sur papier, dimensionné à l’échelle des murs de la galerie, 2014 adapté par David Michael Clarke, par un percement et l’ajout de DMC Mariages, 1969-1999, Angleterre/Pays de Galles, 53 peintures acryliques sur toiles et 53 certificats de mariage encadrés, 1999.
3 – Guillaume Janot, Anabelle Hulaut et David Michael Clarke, 19 avril 2003, Réville, Normandie, photographie argentique couleur,
60x 40 cm
4 – Marie-Claire Blanschong, Photo de Mariés, Parc du Dourven, photos numériques couleur, contrecollée sur dibond, 60×40 cm
Monsieur et Madame Scheer, le 26 juillet 2008
Monsieur et Madame Leroux, le 06 avril 2013
Monsieur et Madame Feyzeau, le 08 juin 2010
Monsieur et Madame Henry, le 24 août 2013
Monsieur et Madame Le Henaff, le 06 août 2011
Monsieur et Madame Cresseveur, le 21 août 2010
Monsieur et Madame Marc, le 21 mai 2011
5 – David Michael Clarke, Wooden Tree, installation, bois, journal, 2014
6 – David Michael Clarke, Don’t Panic, vidéo couleur, muette, 16/9ème, HD, 2010
7 – David Michael Clarke, Rabbits & dogs, vidéo installation, 2 écrans, vidéos couleurs, 16/9ème, HD, 2013
8 – David Michael Clarke, Traffic Lights, Réactivation d’une action artistique d’Alastair MacLennan de 1977. Les quatre chemins, Plestin Les grèves, le samedi 29 mars 2014. Photographie numérique couleur contrecollée sur aluminium et texte, 60×40 cm
9 – David Michael Clarke, Fish Hotel, installation dans la galerie et dans le parc, bois, bassine, panneau, chaise Enzo Mari, 2014.
10 – Hervé Beurel, Carré central, photographie numérique sur papier à l’échelle des murs de la galerie, 2014 adapté par David Michael Clarke par l’ajout du fac-similé d’un avertissement affiché à l’entrée de l’immeuble Hélios de l’architecte Le Flanchec, à Trébeurden, 2014.
11 – Centre de documentation proposé par David Michael Clarke, catalogues des artistes présentés et des auteurs cités, fauteuils Enzo Mari.
12 – David Michael Clarke, Flying Black cow – l’origine, vidéo instantanée 4/3, sonore, 2012.
13 – David Michael Clarke, Sunset, Monfarville, France, photo numérique, 2009
14 – David Michael Clarke, Flying Black Cow Club, sculpture en ciment, 43x35x13,5 cm, 2013
Entrée des chiens (avec Michel François)
DMC Mariages (Angleterre & Pays de Galles, 1969-1999)
Wooden Tree (d’après Serge Danot)
Don’t Panic
Rabbits & Dogs (avec Robert Fleck)
Traffic Lights (d’après Alastair MacLennan)
Hôtel pour poissons
Flying Black Cow Vidéo (version original)
Sunsets
Flying Black Cow Utopia Club (Volet #02)
Texte : Marie-Line Nicol
Texte : Sandra Flouriot
Liens:
Michel François chez Kamel Mennour
Hervé Beurel sur DDAB
Guillaume Janot website