Hôtel Dynamite

Exposition collective.
La Chapelle Saint-Jacques, Saint-Gaudens.

17 janvier au 17 février 2018.
 
David Michael Clarke avec Valentin Alizer, Isaline Catteau, Cassandre Cecchella, Victor Charrier, Tiffanny Descloaux, Paul de Solan Bethmale, Quentin Fort, Mathilde Gréard, Lydia Guez, Becky Lewer, Amandine Mazé, Lucas Pastor, Arthur Saguez.
 
Exposition Hotel Dynamite. La Chapelle Saint Jacques. Saint Gaudens. 2018. © David Michael Clarke ADAGP.
 
L’exposition / atelier 

Pour la seconde fois, le centre d’art expérimente un temps entre enseignement et exposition. Cette fois, c’est au côté de l’artiste David Michael Clarke que nous embarquons. Ce dernier, à l’initiative du projet artistique, accompagne une quinzaine d’étudiants venant de trois écoles d’art : l’ESAD Tours – Angers – Le Mans, l’ESA Pyrénées — Pau – Tarbes et l’isdaT Toulouse.

Bouts de vies, morceaux d’oeuvres et de recherches se mêlent pour réfléchir à deux voix, puis trois, puis quatre et ainsi de suite… Une pensée qui se construit de multiplicités pour faire émerger le collectif propice à la mise en oeuvre d’un processus de création. Pendant plus de deux semaines, le groupe s’est confronté à cette question du processus, comme la possibilité d’imaginer une exposition en constante évolution, autrement dit, une exposition où le processus de fabrication de l’exposition devient l’exposition elle-même.

En référence au « Poïpoïdrome », projet mythique réalisé par Robert Filliou et Joachim Pfeufer en 1963, conçu comme un « centre de la création permanente », le collectif propose ici, non pas de re-faire ou de re-créer le Poïpoïdrome, mais plutôt de le re-vivre. David Michael Clarke et les étudiants ont cherché des gestes nécessaires pour vivre en communauté et élaborer un univers plastique singulier au sein du centre d’art. C’est le chemin qui est privilégié plutôt que le but. L’essentiel étant l’approche personnelle et l’intelligence sensible de chacun au coeur de cette activité collective singulière.

Valérie Mazouin

 

Oeuvres de David Michael Clarke.

Hôtel dynamite. 5 tuyaux d’assainissement, sangles, enseigne, 4m x 6m.

Née de la nécessité d’héberger une quinzaine de personnes au centre d’art pendant deux semaines, cette oeuvre, réalisée à l’aide de tuyaux Ecobox de 1 mètre de diamètre et 6 mètres de long, investit l’espace de manière monumentale et ludique à la fois. Pièce maîtresse du projet, elle est issue d’une observation récurrente par l’artiste des chantiers de construction vus comme des paysages. L’esthétique finale de cet « hôtel » rappelle, par ses couleurs et dans sa forme, un paquet de dynamite de cartoon… Cette production dessine alors un espace architecturé propice à la création, génère une pensée en mouvement. Un très grand merci à l’entreprise Lafforgue matériaux de Valentine (31800) pour le prêt des tuyaux Ecobox.

Les palissades. Sculpture, 2018. Pin Douglas tressé. Dimensions variables.

De même manière les palissades sont aussi nées d’une nécessité, la nécessité de pouvoir manipuler et transformer l’espace, que l’espace puisse demeurer en état d’évolution constant. En s’inspirant des artistes et architectes comme Alvar Aalto, Michelangelo Pistoletto, ou Claude Lévêque, j’ai conçu ces palissades comme des rideaux auto-porteurs, capable de diviser l’espace en petit recoins ou bien être utiliser comme support pour des oeuvres en deux dimensions. Certains étudiants utilisaient le surplus de voilages pour leur propres projets.

Unité d’habitation pour 24 lapins. Sculpture, 2014. Contreplaqué, tasseaux de sapin, polycarbonate alvéolaire, 1,86m x 2,44m x 1,56m.

En 2014, j’ai été invité par Didier Lamandé à concevoir une exposition à La Galerie du Dourven, Côtes d’Armor. La Galerie est située au milieu d’un grand parc. J’ai voulu faire quelque chose dehors et j’ai décidé de construire une nouvelle résidence pour les lapins. J’ai été inspiré par le bâtiment Hélios, construit par l’architecte Roger Le Flanchec sur la pointe en face, et aussi par les cités radieuses de Le Corbusier. Malheureusement, les lapins sauvages n’ont jamais appropriés les lieux. En 2016, j’ai été invité par Yvan Poulain, alors directeur du musée Calbet à Grisolles (82). J’ai imaginé une exposition en considérant que chaque génération a tendance de réinventer l’architecture bâtie par ses ancêtres. J’ai donc décidé de réinventer « l’Unité d’habitation pour 24 lapins » en musée. Dans ce cas, un musée dans un musée. Avec un grand clin d’oeil à Magritte, j’ai fait un choix parmi des objets les plus énigmatiques de la collection permanente, et par la suite j’ai accroché ces curiosités dedans. A la Chapelle St Jacques, la sculpture a été confiée aux étudiants qui voulaient bien s’en emparer, et aux élèves des écoles de St Gaudens. Tout est permis ! Autant de surprises à découvrir en ouvrant chaque volet de la structure.

L’histoire chuchotée de l’art de Robert Filliou (extrait lu par Brice Martin). Vidéo.

En 2015, j’ai été accueilli en résidence au sein du foyer thérapeutique La Planésié près de Castres. Cette expérience m’a fortement marqué et surtout m’a conduit à considérer « le public » de manière plus large, à me demander à qui s’adressent mes oeuvres. À la fin de la résidence, lors du pot de départ, certains « planésiens » aidés d’Isabelle Vasilic, psychologue au foyer, m’avaient préparé une surprise. Ils ont lu des textes écrits par des artistes. Parler en public n’est jamais facile, et surtout lorsqu’on a d’autres handicaps à gérer. Mais en lisant des textes, c’est possible de dépasser ses limites. La semaine dernière nous étions très heureux d’accueillir Isabelle et trois résidents du foyer ici à la Chapelle St Jacques. Brice a bien voulu lire un extrait de « L’histoire chuchotée de l’art » de Robert Filliou, texte écrit en 1963. Cette vidéo témoigne de son courage face à ses difficultés.

Barcelona Suite, All-Weather Version. Sculpture (d’après Mies van der Rohe), 2017/ Pin Douglas, acier galvanisé.

L’an dernier, j’ai revisité les fameux fauteuils et ottomans de Mies Van de Rohe pour voir comment ils peuvent être adaptés afin de fonctionner comme mobilier urbain. J’ai pensé que les étudiants apprécieront un petit salon pour décontracter après le travail.

Holophane Judd. Sculpture, 2015. Lampadaires récupérés. Dimensions variables.

La série «Holophane Judd» a été réalisée pour l’exposition «Outside-In» avec Anabelle Hulaut, à la Chapelle du Genêteil en 2015. Depuis, je les ai réutilisé différemment (comme sculpture, comme éclairage, comme socle) dans plusieurs expositions.

 
Les artistes de demain. 

Valentin Alizer. Inclusion. Installation participative.

L’artiste entretient un rapport ambigu avec son temps libre. Jouant de cette ambiguïté, je propose un espace de jeu autogéré où le participant est invité à intervenir sur le fonctionnement même du jeu suivant des règles constitutives inaliénables et préalablement établies. L’oeuvre se déploie comme un espace social que les individus façonnent à leur image ; ce jeu de plateau se fait alors tour à tour et simultanément jeu de l’oie et/ou jeu d’énigmes et/ou jeu d’argent et/ou jeu d’alcool et/ou etc.

Isaline Catteau. Usiner l’argile. Performance-Vidéo.

Performance constituée de six personnes effectuant chacune un geste précis et minimal, répété durant huit heures sur le rythme des «trois-huit» effectué en usine. La performance traite de l’aliénation du corps-machine par le geste mécanique et l’épuisement de l’humain qu’il induit.

Cassandre Cecchella. Série Nitroglycérine. Peinture acrylique sur bois et carton.

Le titre fait référence au composé chimique explosif utilisé dans la fabrication de la dynamite, mais aussi en usage médical, comme vasodilatateur. Cette contradiction entre destruction et reconstruction peut se retrouver dans les choses anodines de notre quotidien, au travers d’éléments, d’événements, de gestes auxquels on ne peut échapper, que l’on fait et refait chaque jour. Ici, la peinture m’a permis de regarder notre quotidien de manière sensible, un témoignage de notre manière de vivre et partager cette expérience d’exposition à travers ces éléments auxquels on n’a pas pu échapper.

Victor Charrier. La façon dont les choses vont. Installation, planches de bois fixées au mur.

David Michael Clarke s’intéresse au collectif, à l’importance de la recherche et du processus de création. J’ai voulu rendre compte de ce partage, de la participation, d’un itinéraire à travers un jeu sous forme de parcours qui mettrait par ailleurs l’accent sur la hauteur du lieu, ainsi que sur la variété des angles de vue qui est une des particularités de La Chapelle St Jacques. A la manière de Der Lauf der Dinge (Le cours des choses) de Peter Fischli et David Weiss (1987), le mouvement et le résultat sont aléatoires, au risque de ne pas aller jusqu’au bout, ils forment une ligne, un chemin différent à chaque fois, qu’on y voit une course, une chute, un trajet solitaire ou à plusieurs.

Tiffany Descloaux. Plaques de porcelaines gravée par les résidents de la Planésié.

Etudiante à l’école d’art des Pyrénées site de Tarbes, j’ai réalisé mon projet au sein du pôle céramique de l’école. J’ai proposé aux résidents de la Planésié, en visite à la Chapelle St Jacques, de dessiner et de graver des plaques de porcelaine fraiche qui ont ensuite été cuites.

Paul de Solan Bethmale. Nous nous réjouissons éternellement. Installations.

Investies de références religieuses et artistiques, les quatre réalisations présentées mêlent Histoire ancienne et actuelle au sein d’une chapelle. Chacune de ces pièces est pensée dans un ensemble, relatant entre autre un rapport entre sacré et profane. Une circonvolution infinie d’espaces imaginaires et rationnels.

Quentin Fort. Canne à pêche, bambou ,corde, roue de vélo.

Les activités de loisir étaient pour moi un moyen d’éprouver l’idée de création permanente. Cette canne est de très mauvaise qualité et ne permet pas de pêcher correctement. Une roue de vélo suspendue. Deux objets usuels connectés par un fil. L’un a été fabriqué durant la création de l’exposition, l’autre est un ready-made en référence à Marcel Duchamp (Roue de bicyclette, 1913).

Mathilde Gréard. Prélèvement. Planche de coffrage en bois, sangles, peinture.

Par l’extraction de matière au sein même d’une des palissades de David Michael Clarke qui structure l’espace, je crée une brèche qui se déploie sur plusieurs modules. La profondeur de celle-ci est accentuée par la peinture bleue qui vient souligner la tranche de chaque trouée.

Lydia Guez. And we wanna have a good time. Perfodance.

Viens faire la fête,
On dansera sur la tête,
Tarte au myrtille,
Sur le Pic du Midi.

Becky Lewer. Escabeau, rouleaux de scotch, pistolet à colle, vaisselle mélangée. Scotch et cellophane

Les objets témoignent d’un moment, d’une présence dans un espace, dans un contexte donné : ici, la semaine que j’ai passée à la Chapelle St Jacques. Avec du scotch d’emballage j’ai tenté de préserver, conserver leurs formes pour en laisser une trace, un souvenir en volume, sortes d’objets « fantomatiques » qui matérialisent le temps passé ici. Ces objets, vides de matière, sortes de moulages ou d’empreintes 3D, utiles et incontournables dans le centre d’art, deviennent alors des images d’objets, dessinés, installés ou dispersés dans l’espace d’exposition, jouant avec le trompe l’oeil et l’absurde.

Amandine Mazé. Swipe. Performance

Performance qui dirige les visiteurs dès l’entrée de l’exposition vers la droite ou vers la gauche, par une gestuelle liée au Smartphone et au fonctionnement d’application de rencontres. Les visiteurs sont séparés en deux groupes, d’un côté ou de l’autre, sans explications, induisant des questionnements sur les critères de sélection, dont chaque individu est victime et qui le contraignent dans le sens de sa visite, inexplicablement. La performance questionne sur les dispositifs algorithmiques, sur le traitement des masses et leur influence sur les individus.

Lucas Pastor. Making of Hôtel Dynamite (vidéo).

Restitution de notre quotidien durant le montage de l’exposition, qui oscille constamment entre travail et vacances. Et montrant comment l’un peut influencer l’autre.

Lucas Pastor. Somnifère (sculpture, céramique peinte)

Souffrant d’insomnies chroniques, je me suis rendu compte que la sculpture me fatiguait, j’ai donc voulu me représenter en train de dormir, pour pouvoir dormir, toujours dans cette volonté de travailler sur le lien entre vie personnelle et pratique artistique.

Lucas Pastor. Dessins

Ce projet est un exutoire. Je dessine en continu pendant au moins une heure. Nourri par ce qui m’entoure au moment où je dessine, mes émotions ou des souvenirs, créant des dessins entre journal intime et test de Rorschach.

Arthur Saguez. Topographie. Installation

À partir de chutes de bois et d’une carte IGN, un relief se dessine sur le sol pour créer un paysage, un mont, une crête.

Arthur Saguez. Décors/ Dessin sur calque

Des corps sans décors, à la façon d’un Photoshop primaire. Des formes sont détourées de leur fond pour venir se perdre dans le brouillard du calque. Des skieurs ainsi que quelques équipements touristiques hivernaux nous poussent à fantasmer un paysage, qui lui a disparu.

 

Une exposition produite par La Chapelle Saint-Jacques, en partenariat avec l’école supérieure d’art et de design Tours-Angers-Le Mans, l’école supérieure d’art des Pyrénées — Pau-Tarbes, l’institut supérieur des arts de Toulouse, les Abattoirs, musée – FRAC Occitanie Toulouse.

 
 
 
 
 

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