Madame Orain et la Mogette Magique

Oeuvre participative, 2017-2019. 
Contreplaqué, OSB, PVC. 
240 cm x 750 cm x 320 cm. 

Exposition collective.
La Cuisine, Nègrepelisse.

03 juin au 17 septembre 2017.

David Michael Clarke avec Marie Angelé, Neal Beggs, Hervé Beurel, Florence Carbonne, Christelle Familiari, Maxwell James Farrington, Yohann Gozard, Bonella Holloway, Anabelle Hulaut, David Kidman, Victoria Klotz, Xavier Krebs, Roger Le Flanchec, Guillaume Pinard, Marianne Plo, Philippe Poupet, Babeth Rambault, Anne Santini, Katharina Schmidt, Bertrand Segonzac, Laurent Tixador, Elsa Tomkowiak, Béatrice Utrilla et Juliette Wouth.
 
Vue de l’exposition collective, « Madame Orain et la mogette magique ». La Cuisine centre d’art, Nègrepelisse. 2017. Photo Hervé Beurel. © Les artists & David Michael Clarke ADAGP.
 
L’exposition

 

À l’origine du projet d’exposition de David Michael Clarke, il y a une histoire de fascination. Une passion partagée avec Yvan Poulain, directeur de La cuisine, pour le travail de l’architecte Roger Le Flanchec (1915 – 1986). Une rencontre avec Mme Orain qui habite une des utopies de l’architecte : la fameuse « maison haricot ». Un processus artistique qui affiche un idéal vivant et convivial.

Chez David Michael Clarke, pour reprendre une formule empruntée à Robert Filiou, l’art n’est pas message mais partage. L’artiste noue des relations humaines et artistiques en jouant avec plusieurs registres d’intervention : geste plastique, référence populaire, architecture moderniste, design, acte performatif, jeu, musique…

À La cuisine, David Michael Clarke articule son exposition autour d’une structure muséographique inspirée de la maison de Mme Orain. Reprenant ses contours, la construction est imaginée comme une boite sinueuse dans laquelle le public peut entrer. Se faisant artiste-curateur, David Michael Clarke met en scène, dans l’architecture marquée du centre d’art, un ensemble de coopérations. Un peu à la manière d’un hôte de maison, il invite dans son intérieur des œuvres d’artistes qui traitent de l’habitat moderniste et de ses utopies.

S’amusant du décalage entre la facture minutieuse et le bricolage, ses vraies fausses architectures et mobiliers trafiqués tiennent place d’un salon fantasque à habiter le temps d’une visite.

 

Une histoire de rencontres

Un jour, et sans rendez-vous, Yvan et moi sommes allés voir la « maison Orain » située à Brélévenez, sur la colline au-dessus de Lannion. L’histoire de cette maison elle aussi vient d’une rencontre. Emile Orain était le dirigeant des auberges de jeunesse de Bretagne après la guerre. Le Flanchec avait été invité à faire une proposition pour la nouvelle auberge sur l’île Grande. Son projet, sorte de coquillage géant perché sur un rocher, avait été rejeté, mais M. Orain, sans doute impressionné par l’audace de cet architecte atypique, l’engagea à titre personnel pour sa maison familiale.

Mme Orain nous a fait visiter sa maison qui ressemble à un énorme haricot surélevé par plusieurs pilotis. Toujours passionnée par sa maison et accueillante par nature, elle nous a invité dans son jardin pour faire un tour de la maison avant de monter dans l’espace de vie. Le Flanchec croyait dans la « synthèse des arts », ainsi la maison est pleine de détails, de gestes plastiques, souvent des collaborations entre lui même et d’autre artistes ou artisans qui partageaient la même vision moderniste. À l’intérieur, un couloir vitré fait le circuit du haricot. La menuiserie est travaillée comme dans un bateau. Les lits des enfants sont incrustés dans l’« îlot » en bois qui suit la forme de la maison même. À la fin de la visite, Mme Orain nous a annoncé comme un impresario : « Maintenant pour la pièce de résistance … ma cuisine ! ». Elle a ouvert les portes d’un grand placard bleu afin de révéler un bijou de menuiserie. Je n’ai pas seulement été captivé par ce bâtiment, j’ai aussi été très touché par l’aura chaleureuse de Mme Orain qui irradiait partout, dedans et autour de la maison. J’ai tout de suite senti une résonance avec l’esprit que je voulais évoquer dans mon exposition.

Effectivement, depuis plusieurs années, j’ai pris de la distance avec ma vie antétieure d’artiste solitaire pour travailler de manière de plus en plus collective. Ceci a commencé avec plusieurs collaborations avec ma compagne, Anabelle Hulaut, puis à travers des projets comme Post Gods et Flying Black Cow Club. C’est en travaillant avec d’autres artistes que je me suis senti poussé vers des nouveaux territoires, des endroits que je n’aurais peut-être pas explorés tout seul. Chaque moment est surprenant. C’est une force très positive.

 
Artistes invités

 

Marie Angelé

Tout le monde connaît Marie Angelé comme une conseillère d’arts plastiques de la région d’Occitanie. Certains d’entre nous se rappellent de son travail en tant que commissaire, notamment à la Chapelle Saint-Jacques à Saint-Gaudens. En revanche beaucoup ignorent que Marie a été étudiante à l’école des beaux-arts de Toulouse et qu’elle peut être amenée, de temps en temps, à faire des gestes plastiques.

Neal Beggs

Neal Beggs et moi étions étudiants ensemble à Glasgow School of Art. Par la suite, nous sommes arrivés en France ensemble, en résidence à Zoo Galerie, Nantes. Indépendamment, nous avons tous deux décidé de rester en France, chacun suivant son histoire d’amour. Je suis toujours là. Neal aussi. Neal est très connu pour son travail liant l’art à l’alpinisme. Pourtant, pendant plusieurs années, son œil ou plutôt son oreille, s’est tournée vers la relation entre la musique et le territoire.

Hervé Beurel

Hervé Beurel est un artiste et photographe basé en Bretagne avec un intérêt très fort pour l’architecture moderne. Son exposition Carré Central, présenté à la Galerie du Dourven en 2014, précédait directement mon Flying Black Cow Utopia Club. En découvrant son exposition, je lui ai tout de suite demandé de ne rien décrocher et de me permettre d’accrocher mon exposition à l’intérieur de la sienne.

Florence Carbonne

Les chemins de Florence Carbonne et les miens se sont croisés à plusieurs reprises. Notre amitié s’est consolidée lors de mon séjour en région Midi-Pyrénées en 2015. Nous sommes allés voir de nombreuses expositions ensemble et comme le travail de Florence relève du sensible, nous nous sommes donnés rendez-vous dans des lieux insolites, comme les piscines tournesols de Bernard Schoeller, pendant la nuit.

Christelle Familiari

Lorsque Neal et moi sommes arrivés en France en 1999, Christelle Familiari est allée en Ecosse. C’était un échange. Depuis, j’ai suivi de prés le travail tactile de Christelle. Je trouve remarquable la manière dont elle arrive à jouer sur plusieurs registres en même temps, de la politique à la poétique, allant d’une radicalité féministe jusqu’à un formalisme sensible.

Maxwell James Farrington

J’ai rencontré Maxwell James Farrington dans les rues nocturnes de Toulouse. Il était en train de chanter des tubes de Frank Sinatra avec tout son coffre. Deux anglophones aux antipodes l’un de l’autre, nous sommes devenus inséparables, et comme prétexte pour se voir, nous avons embarqué dans une aventure musicale ensemble. Le premier concert a eu lieu sur le parvis du Musée Calbet lors du vernissage de l’exposition The Stuff of Dreams en 2016.

Yohann Gozard

La nuit toulousaine est aussi l’ambiance préférée de Yohann Gozard. Mais plutôt que de traîner dans la vieille ville rose, Yohann a tendance à explorer les terrains vagues et lieux commerciaux désertés dans les banlieues. Le temps de pause est tellement long qu’à première vue on pourrait confondre la nuit avec le jour. J’ai été particulièrement attiré par sa série de photographies prises chez les vendeurs d’équipements aquatiques avec les nouvelles piscines érigées comme des monuments en forme de haricots.

Bonella Holloway

Bonella Holloway avait déjà fini ses études lorsque je suis arrivé à l’isdaT, mais elle assurait une présence intra-muros avec ses performances. Tous les jours, elle filme des scènes de son quotidien. On peut dire qu’elle est héritière de Jonas Mekas. Les montages de Bonella intitulés tapas sont des chansons visuelles plutôt que des films sonores.

Anabelle Hulaut

J’ai toujours été fasciné par Anabelle Hulaut et son travail. Nous vivons ensemble et partageons nos idées, nos doutes, nos espoirs. L’échange artistique entre nous deux est un flux permanent. Pourtant, nous ne signons que rarement à deux. À chacun son univers. Celui d’Anabelle et autant littéraire que plastique.

David Kidman

J’ai rencontré David Kidman à l’école des beaux- arts, ESBA-TALM. Nous étions alors collègues et nous avons mené ensemble plusieurs ateliers « à vitesse réduite », se déplaçant en vélo pour tourner des films sur pellicule. Les œuvres de David Kidman s’appuient sur la confiance que nous prêtons au lm argentique, tout en confrontant l’actualité de la technologie numérique qui est devenue omniprésente.

Victoria Klotz

J’ai rencontré Victoria Klotz en accompagnant Jackie-Ruth Meyer et Patrick Tarres pour une « visite d’atelier » entre les sommets des Pyrénées. L’activité de Victoria est double, basculant entre une production sculpturale et une culture maraîchère spécialisée. Chez Victoria il y a tant d’expérimentations dans les deux domaines qu’il n’est pas facile de saisir la frontière entre les deux. Il n’y en a peut-être pas.

Xavier Krebs

Xavier Krebs est un peintre et céramiste important du mouvement abstrait d’après guerre. Il a collaboré avec son camarade breton, l’architecte Roger Le Flanchec, à plusieurs reprises et notamment sur la « maison Orain ».

Guillaume Pinard

Guillaume Pinard est aussi un peintre breton, mais ses préoccupations artistiques sont loin de celles de Xavier Krebs. Guillaume nous donne à voir un monde, notre monde, mais à travers un prisme qui lui est propre. C’est une vision du bonheur et de la tristesse, optimiste et apocalyptique, profondément triste et très, très drôle.

Marianne Plo

Marianne Plo est une artiste et une performeuse pleine d’énergie. Son univers surréel, chimérique, multicolore est comme une explosion hallucinogène, un portail entre notre monde banal et l’espace du rêve où tout est possible.

Philippe Poupet

Philippe Poupet est un sculpteur qui ne travaille pas sans humeur, transformant des objets banals en créatures burlesques, modifiant notre environnement quotidien pour qu’il devienne un jardin enchanté.

Babeth Rambault

Babeth Rambault déambule dans le monde comme quelqu’un qui en a perdu le mode d’emploi. Elle voit les mêmes choses que nous, sauf qu’elle a oublié à quoi ça sert. Elle essaye de rassembler ces fragments du réel, en testant chaque pièce, l’un à côté de l’autre comme on fait avec un puzzle. Ainsi, elle nous offre une image de notre monde plus étrange que jamais.

Anne Santini

Anne Santini n’a pas de travail artistique proprement dit. Pourtant elle a fait des études aux beaux-arts de Nîmes, elle transforme des choses, elle produit des choses et elle organise des événements insolites. En empruntant les mots de Jean-Yves Jouannais, elle est peut-être artiste sans oeuvre.

Katharina Schmidt

J’ai rencontré Katharina Schmidt à l’isadT. À cette période, avec le critique d’art Hervé Sénant, je faisais tous les quinze jours le tour des ateliers des étudiants pour parler peinture. Le travail de Katharina, léger, souvent éphémère, des fois drôle, tient tant au contexte architectural qu’à la peinture elle-même.

Bertrand Segonzac

Le monde peint par Bertrand Segonzac semble incomplet. Il manque toujours quelque chose car souvent l’objet a été extrait de son contexte. Les objets qu’il choisit de représenter viennent d’une autre époque, un passé pas si lointain. Bertrand nous montre la défaillance de notre mémoire collective.

Laurent Tixador

J’ai rencontré Laurent Tixador à Glasgow. Nous étions alors de jeunes artistes qui travaillaient comme régisseurs pour mettre du pain sur la table. Quelques années plus tard, nous nous sommes retrouvés à Nantes. Comme moi, Laurent est bien capable d’inventer un problème afin de trouver une solution pour ce problème qui n’existait pas.

Elsa Tomkowiak

Elsa Tomkowiak cherche à appliquer la peinture, et surtout la couleur, dans l’espace sur le minimum de supports. Ainsi, elle est arrivée à peindre sur divers plastiques transparents, même sur du film étirable. Ces plans de couleur sont découpés précisément et par la suite installés dans un environment généralement urbain afin de définir de nouveaux espaces.

Béatrice Utrilla

Béatrice Utrilla est vidéaste. Elle capture des fragments du réel, et nous invite à reconstuire, ou plutôt simplement construire une nouvelle réalité. Si la camera peut fonctionner souvent comme un seuil entre l’observateur et le monde, chez Béatrice ce n’est pas le cas car les principes de complicité et de collaboration son au cœur de sa pratique.

Juliette Wouth

Juliette Wouth est une jeune artiste qui était étudiante à l’isdaT. Elle aussi a une pratique collective, incitant d’autres à chercher dedans, pour des talents qu’ils avaient laissés dormants ou en s’engageant dans des projets de dessins communautaires.

 

Liste des Oeuvres

1.    Anabelle Hulaut – Moulins à Menus. Sculpture. 2015. Inox, balles de ping-pong, fiches à remplir.
2.    David Michael Clarke – Salon Barcelona (d’après Mies Van Der Rohe]. Sculpture. 2017. Acier galvanisé, Douglas pin.
3.    Anne Santini – DMC Corps. Installation. 2017. Sacs besace en bâche, sachets de mogettes, bande sonore.
4.    David Michael Clarke – Balade pour Rudy & Gilles. Vitrine & Sculptures. 2017. Acier galvanisé, Plexiglass, balles de golf.
5.    Béatrice Utrilla, Bertrand Arnaud – Je te quitte. Vidéo. 2008. 4 minutes.
6.    Béatrice Utrilla – (couchette haut). Photographies et vidéo. 2017.
7.    Katharina Schmidt – Bohnen (couchette bas). Tirage numérique sur coton. 2017.
8.    Bertrand Segonzac – Matrice-motif (couchette bas). Relief. Bois. 2017.
9.    Laurent Tixador – Electroplatane. Sculpture. Bois, circuit électrique. 2015.
10.   Elsa Tomkowiak – Rolls. Relief. 2014 & 2017. Encre de sérigraphie sur lanière de PVC, acier chromé.
11.   Maxwell James Farrington – Singing in the bathroom. Bande sonore. 20 minutes.
12.   David Michael Clarke – Rietveld Montauban. Fauteuil. 2014. Bois peint, basin PVC.
13.   Florence Carbonne – Fissure. Installation. 2011. Plexiglass, LEDs, photographie, bande sonore.
14.   Christelle Familiari – Les gardiens. Sculptures. 2015. Laine crochetée trempée dans le ciment, barre d’aluminium.
15.   Katharina Schmidt – La cuisine de Grete. Installation. 2017. Peinture sur vitre.
16.   David Michael Clarke – Holophane Judd. Lampadaires récupérés. 2015 Dimensions variables.
17.   Philippe Poupet – Petouille de décoffrage. Sculpture. 2017. Bois.
18.   Neal Beggs – Those Bones. Sculptures. 2013. Bois peint.
19.   David Kidman – Hollywood on a stick. Sculpture. 2017. Parapluie préparé.
20.   Bertrand Segonzac – Sans titre (Racks). Peinture. 2011. Acrylique sur toile.
21.   Xavier Krebs – Assiettes. 3 assiettes et 1 plat creux. 1953. Faïence émaillée.
22.   Babeth Rambault – Sans titre (provisoire). Sculpture. 2017. Mousse synthétique.
23.   Victoria Klotz – Effluves. Sculpture. 2011. Flacons de parfum.
24.   Neal Beggs – 24 inch scale guitar. Sculpture. 2017. Bois.
25.   David Michael Clarke – Proposition pour un arbre. Sculpture. 2016. Acier peint.
26.   Christelle Familiari – Ensemble de pièces. Etudes pour services de table. 2017. Porcelaine, grès, ciment, verre.
27.   Anabelle Hulaut – Ensemble de pièces. La trahison d’une pipe. 2007. Bois, cuir, paillettes, mousse. Lunettes de Romans. 2016. Emporte-pièce en inox. Le monte monts et l’élévateur de collines. 2014. Metal et matériaux divers. Valise à loupe. 2009. matériaux divers. Trois modèles de pipes (le moule, le four, la demi). 2013. Terre cuite. Extraits de collection de pipes. Faïence et matériaux divers.
28.   Marie Angelé – Veste.
29.   Victoria Klotz – Gant de séduction. Sculpture. 2011. Cuir d’agneau. Tirage numérique.
30.   Hervé Beurel – Détail du tableau N°11, Berlin. Photographie. 2006 & 2017. Impression numérique sur papier dos bleu.
31.   Bonnie Holloway – Postcard from Mexico. 2017. Vidéo, postcard, ingrédients en état de décomposition, recette.
32.   Marianne Plo – Sans titre. Sculpture. 2015. Marbre.
33.   Marianne Plo – Sans titre. Sculpture. 2015. Albâtre.
34.   David Kidman – Portrait of Marie-Hélène Breuil. 2016. Interactive film object. 16mm film, lightbox, iPad.
35.   Juliette Wouth – Portraits de David Michael Clarke & Yvan Poulain. Dessins. 2017.
36.   Yohann Gozard – Wonderpools. Photographie. 2012.
37.   Babeth Rambault – Cocoon. Photographie. 2013.
38.   Guillaume Pinard – Les Acrobates. 4 tableaux. 2017. Acrylique sur toile.

 

Une exposition produite par La Cuisine centre d’art de Nègrepelisse, avec la participation de l’Artotheque de Vitré et du FRAC Normandie Caen.