Exposition des oeuvres de la collection du Frac Normandie Caen au Radar, Bayeux.
14 janvier au 26 février 2017.
14 janvier au 26 février 2017.
Saâdane Afif, Wilfrid Almendra, Michel Aubry, Bertille Bak, Alain Bublex, David Michael Clarke, Lynne Cohen, Ryan Gander, Dan Graham, Didier Marcel, Bill Owens, Taroop & Glabel.
Fruit de la collaboration du Radar, Espace d’art actuel, et du Frac Normandie Caen, l’exposition Maison Modèle propose des regards croisés sur l’espace à habiter. En jouant des catégories établies par la documentation et la fiction, l’usuel et le contemplatif et enfin la citation et l’hommage, l’exposition remet en mouvement les faits et stratégies ayant contribué à définir nos intérieurs. Si les architectes du XXe siècle avaient pour objectif de créer des espaces standardisés, accessibles au plus grand nombre et fonctionnels ; ils ont également fait naître le désir de posséder un foyer à soi. Penser la résidence, le lotissement, c’est penser ce qui fait communauté, rêver d’une organisation parfaite de la société. Que reste-il aujourd’hui, de l’héritage du modernisme ? Maison modèle dresse le portrait d’une utopie qui continue à la fois de nous séduire et de nous décevoir. Avec ses salles aux dimensions domestiques, le Radar offre un cadre intime à cette exposition qui rejoue l’espace d’habitation : une paire de fauteuils est disposée dans les espaces, deux lampes éclairent les lieux dont on ne sait plus s’ils sont privés ou publics.
Nombreuses sont les photographies d’intérieurs qui s’appuient ici sur l’enregistrement d’un inventaire des plus objectif. Si Bill OWENS examine la société qui l’entoure avec une acuité bienveillante, chez Lynne Cohen, les inquiétants espaces sont vidés de toute présence humaine. Le cadrage est frontal, le protocole systématique. De son oeuvre manifeste Homes for America dont est issu Living-room of Model House, Dan GRAHAM donne à voir deux photographies. Le cadrage est serré, les pièces n’offrent aucune vue sur l’extérieur. Le miroir reflète la symétrie du mur opposé, révélant ainsi une mise en scène ostentatoire, une composition artificielle. Artificiel, un adjectif que l’on peut également employer pour qualifier le projet Glooscap, d’Alain BUBLEX. Si sa ville revêt une apparence tangible avec ses quartiers, ses noms de rues, son histoire, elle n’est cependant qu’une fiction. La ville toute entière est née de l’imagination de l’artiste.
La frontière est mince entre objets d’art et objets usuels. En s’appropriant les outils de l’architecte, Didier MARCEL présente la maquette de sa Prefab Church sur un socle rotatif. Il réduit ainsi l’architecture à un produit de démonstration. Wilfrid ALMENDRA puise lui, son inspiration dans la revue Art & architecture afin de concevoir une étagère basée sur les plans d’une maison des années 70-80. D’espace à habiter elle devient espace de rangement à contempler. Si le public peut « résider » dans l’exposition en prenant place, dans le fauteuil de David Michael CLARKE, il ne peut qu’observer l’assise de Michel AUBRY. Comme de nombreux artistes qui usent de la citation, Michel AUBRY revisite un symbole de l’esthétique moderne du début du XXème siècle. A l’inverse, More de Saâdane AFIF est le fruit d’une commande faite par l’artiste à des graphistes. Ils s’approprient ainsi une installation poétique en hommage à son père. Ryan GANDER offre pour sa part, une lampe singulière intitulée A lamp made by the artist for his wife. Composée d’un assemblage d’objets hétéroclites, l’oeuvre joue des critères et catégories qui classifient ce qui nous entoure.
Tour à tour amusés, critiques, rêveurs, affectueux voir nostalgiques, les artistes de Maison modèle explorent les multiples facettes de l’idée d’habiter son logement. La maison se donne à voir sous tous ses angles, questionne nos modes de vie et nos habitudes au sein de nos « doux foyers ». Mais est-ce que les individus d’aujourd’hui, rêvent-ils encore d’acquérir un bien immobilier ? La série Vie paisible à Saint-Martin-des-Champs de TAROOP & GLABEL nous livre une vision caustique de la vie du propriétaire. Près de quarante ans séparent la représentation de Bill OWENS de celle du collectif d’artistes et il est forcé de constater que notre perception de la vie en pavillon a bien changé.